La naissance de la psychanalyse (13)

La sublimation

C’est aussi un destin possible de la pulsion. Voir « Pulsions et destin des pulsion » in Métapsychologie. Voir aussi « Un souvenir d’enfant de Léonard de Vinci ».

– L’objectif de la sublimation est de favoriser des accomplissements de désirs sous des formes acceptables par la censure et par le surmoi.

– La sublimation a une originalité : la force de la pulsion (sexuelle) dans la sublimation, est dérivée vers un but non sexuel et également, vers un objet de satisfaction non sexuel mais qui est toujours valorisé socialement.

– Donc, les grands lieux de la sublimation, pour un sujet, vont être les lieux d’activité spirituelle, plus généralement culturelle. Peu importe la nature de l’activité (artistique, sportive, esthétique, religieuse, littéraire, scientifique).

– A côté de cette sublimation qui concerne essentiellement les pulsions sexuelles, Freud avait quand même avancé l’hypothèse que les pulsions agressives pouvaient aussi trouver un terrain favorable d’expression dans la sublimation.

– Par exemple, les grands modes d’expression sublimatoire des pulsions sadiques sont la chirurgie et le goût pour les histoires militaires et guerrières, etc.

– Ces processus de sublimation, chez l’enfant, on les identifie de façon tout à fait précise, dans son éveil à la connaissance, dans ses jeux et dans ses dessins.

– L’effet de toutes ces modifications intrapsychiques : refoulement, intériorisation, sublimation, va contribuer à instituer ce que Freud appelle l’amnésie infantile : c’est cette incapacité où se trouve tout un chacun à des degrés peut-être différents, de pouvoir se souvenir d’un certain nombre de périodes de notre enfance. La psychanalyse peut en réveiller quelques-uns.

Durant la période de latence, il n’y a pas de modification de l’organisation sexuelle. Il y a surtout des modifications psychiques, mais l’enfant n’accède pas. Dans cette période-là, à un nouveau processus de fonctionnement sexuel.

Par contre dans le stade suivant, le stade génital, la puberté, là, l’enfant accède à une phase apparemment terminale de son organisation sexuelle.

– La puberté se manifeste par des remaniements biologiques importants liés à, un accroissement de la libido.

– Ce stade génital, c’est donc cette phase, selon Freud, où les pulsions partielles s’unifieraient, seraient assujetties au primat de la zone génitale.

Il faut faire une distinction essentielle entre le stade phallique et le stade pubertaire :

–  Au niveau du stade phallique, un seul organe sexuel est reconnu par l’enfant.

–  Au niveau du stade pubertaire ou génital, les deux sexes sont reconnus, la différence des sexes a été acquise. Elle est symbolisée par l’enfant (si l’enfant n’est pas psychotique).

– Les pulsions partielles tendent à s’unifier dans l’acte sexuel qui serait, dès le stade génital, le but visé et recherché pour la satisfaction des pulsions sexuelles.

On n’est plus dans un registre où les pulsions partielles fonctionnent de façon autonome et seulement pour elles-mêmes.

– Elles s’unifient apparemment donc, dans l’acte sexuel, mais elles subsistent à titre autonome dans ce que Freud appelle le plaisir préliminaire à l’acte sexuel. C’est le règne même des pulsions partielles.

– Elles subsistent chez les pervers, et pour certains d’entre eux, c’est leur seul mode de satisfaction sexuelle.

– Ce stade génital est important pour des déterminations psychiques à long terme. C’est à partir de la puberté que vont commencer, discrètement mais activement, à se cristalliser les organisations de symptômes.

– Selon que le sujet, l’enfant aura plus ou moins bien réalisé les étapes précédentes, l’organisation génitale sera plus ou moins perturbée. Et ces perturbations sont génératrices de conflits psychiques plus ou moins graves, plus ou moins persistants, conflits psychiques qui sont tout à fait liés au vécu sexuel antérieur de l’enfant.

– Par exemple, la puberté, c’est le retour massif des pulsions refoulées parce qu’il y a un accroissement de la libido.

– C’est un peu ce retour massif du refoulé qui peut mobiliser l’évolution de la personnalité dans des processus morbides, dans des processus névrotiques.

– Les organisations névrotiques naissantes sont la plupart du temps déterminées ou induites par des fixations pulsionnelles. Et aussi parce que les pulsions sexuelles rencontrent, au niveau du stade génital, des obstacles qu’elles n’ont pas rencontrés jusqu’alors : la censure, le surmoi, des vestiges d’un complexe d’Œdipe pas très bien liquidé.

– Par exemple, selon que le surmoi sera plus ou moins tyrannique, le devenir sexuel de l’adolescent va être plus ou moins perturbé. Les pulsions partielles sont toujours présentes, et comme telles, elles tendent à trouver des voies de satisfaction sur le mode partiel. La principale opposition qu’elles rencontrent, c’est le surmoi. Ou elles s’unifient au niveau d’un acte sexuel, ou elles se refoulent. C’est ça que l’on voit apparaître chez l’adolescent sous cette forme que l’on appelle le moralisme sexuel, qui est un assujettissement des pulsions partielles à des valeurs éthiques, religieuses, familiales. Au lieu de satisfaire au niveau sexuel, l’adolescent se satisfait avec des vertus (les moines…).

– La fixation

Ce qui se passe dans le fonctionnement psychique, principalement au niveau sexuel, c’est qu’un sujet régressera d’autant plus facilement à une phase prégénitale de la sexualité qu’il n’y aura pas trouvé la satisfaction qu’il attendait.

C’est donc à partir de ce stade génital que se mettent en place les régressions.

Cette régression est liée à une fixation psychique, à une position sexuelle prégénitale qui paraît plus sûre, plus rassurante. Si le stade génital devient très complexe à assumer, c’est plus rassurant de revenir à une phase antérieure au stade génital. Selon l’histoire des sujets, selon la nature des pulsions en question, ces sujets régresseront inconsciemment à des positions sexuelles archaïques, soit orales, soit sadique-anales, soit :

– Plus l’organisation génitale est anxiogène pour l’enfant, plus elle favorise cette régression et ces fixations.

– C’est le maintien inconscient de ces positions sexuelles prégénitales et des processus de satisfaction qui y sont attachés, qui ont tendance à mobiliser le sujet dans des formations de symptômes. Les pulsions partielles ne trouveront pas plus de solution de satisfaction au niveau génital. Donc ça invite l’appareil psychique, une nouvelle fois, à établir des compromis. Plus l’appareil psychique établit des compromis, plus la tension monte et plus l’équilibre devient instable.

Par exemple, dans la névrose obsessionnelle, il y a un retour manifeste aux tendances sadique-anales. Alors que dans la psychose maniaco-dépressive, il y a un retour privilégié aux pulsions sadique-anales.