La naissance de la psychanalyse (3)

b) La cécité hystérique

C’est une arme radicale qui appelle un certain type de prise en charge médicale.

Mais plus le sujet est l’objet d’une exploration médicale, plus son symptôme redouble.

Il est moins fréquent de nos jours, mais existe encore.

C’est un symptôme qui illustre bien ce qu’est la névrose, à savoir quelque chose de soi dont on ne veut rien savoir.

c) La surdité hystérique

Mêmes propriétés que la cécité.

Mais la surdité hystérique a ceci de particulier qu’elle est sélective. Le sujet n’est pas sourd à tout ; il s’agit souvent d’être sourd aux paroles d’un membre de son entourage, de la famille.

On retrouve ce symptôme dans la cure analytique avec les hystériques. Le sujet est sourd à ce que lui dit l’analyste. Freud et Breuer (études sur l’hystérie) : le cas Anna O. Elle ne comprenait (parlait) plus l’allemand. Mais répondait à Breuer en anglais.

 d) Le cou

C’est une zone de coupure hystérogène privilégiée car c’est une zone fortement investie sur le plan érotique.

C’est aussi un lieu de fantasme ordinaire chez les hystériques (fantasme de décapitation).

Le cou est une zone de passage électivement associée à un fonctionnement organique. Les symptômes vont s’organiser au niveau de la gorge, de la poitrine, de la tête… Une très grande pluralité de symptômes s’organise autour, dont la boule hystérique (spasme laryngé). Voir le cas Dora.

La toux hystérique – les vomissements hystériques

  • Modification de la hauteur de la voix

La voix est coupée de sa résonance thoracique (voix de tête).

Dans la cure analytique, la voix de l’hystérique se modifie. Pour l’hystérique, à un niveau inconscient, c’est le tronc qui est complètement isolé de la tête, de la vie, du vécu psychique. Par exemple, on rencontre énormément de symptômes cervicaux, de céphalées, certaines migraines…

  • Les vertiges

Mis à part les vertiges de Meynières, on peut dire que tous les vertiges sont d’origine hystérique.

  • Les dystonies neuro-végétatives

Les médecins ont repéré toute une variété de symptômes. Tout ce qui concerne le fonctionnement des viscères. Quelque chose qu’on ne peut ordinairement pas contrôler.

L’hystérique fait l’objet de dysfonctionnements incompréhensibles d’où prise en charge médicale (foie, poumons, cœur, etc.).

Charcot a repéré aussi tous les troubles liés à l’excrétion et la sécrétion

Dans l’hystérie, les produits d’excrétion et de sécrétion sont mobilisés de façon inhabituelle. C’est donner quelque chose à voir. Ils sont produits sur le mode métaphorique de l’écoulement. Dans toutes les grandes crises, il y avait des mictions d’urine en grande quantité (à rapprocher de l’énurésie du petit enfant).

De même pour la salive et la sueur (plus ou moins).

C’est autour des perturbations de cycle que les hystériques manifestent des symptômes.

Un très grand nombre de femmes hystériques ont les cycles perturbés.

La grossesse nerveuse

Les hommes n’y échappent pas.

Ce sont des grossesses menées à terme (9 mois) accompagnées de transformations hormonales.

De tels symptômes ont un objectif, une vocation signifiante. Quelque chose qui ne peut pas se dire autrement.

C’est ce qui a le plus piégé Charcot et son école. Il n’a pas voulu comprendre qu’il est dans la structure de l’hystérique d’exhiber le ou les symptômes.

C’est un appel tendu vers l’autre.

Plus le symptôme est objet d’observation, plus il se développe. Quand le symptôme quitte l’observation pour devenir objet de savoir, il n’y a plus de limites. D’où les exhibitions (de cirque) des malades.

La question de l’étiologie de l’hystérie (origine organique) n’a pas satisfait tout le monde.

Babinski a appliqué la méthode de Charcot pour essayer de dégager ce qui pouvait être l’origine organique de l’hystérie. Mais il a tout épuisé sans trouver. Il a donc conclu qu’il n’y avait aucune affection organique expliquant l’hystérie.

Il reste donc à trouver la cause réelle de l’hystérie.

Il a pensé que si ça ne se situait pas dans le corps, cela venait du fonctionnement psychique. Il a été frappé par la parenté hypnose/hystérie et en particulier à quel point l’hystérique se montrait sensible aux ordres ; comment l’hystérique, à la suite d’un ordre, pouvait démobiliser son symptôme et le reprendre ensuite. Donc que la suggestion jouait un rôle prépondérant dans la formation des symptômes.

Il ne restait qu’à repérer la fonction essentielle : le mimétisme identificatoire des hystériques.

Il a donc fait une expérience : il a séparé les hystériques des vrais épileptiques (ensemble à la Salpêtrière). Depuis ce jour-là, les grandes crises ont disparu.

En conclusion 

L’hystérique tente de s’identifier (de démasquer) au désir de l’autre, de devancer le désir de l’autre pour y répondre par avance.

Ii suffisait donc d’affecter la plus grande indifférence aux symptômes pour qu’ils disparaissent quasiment.

A la Salpêtrière, ce désintérêt a porté ses fruits. Tout le côté spectaculaire tendait à disparaître.

Ceci est toujours vrai dans la clinique analytique. L’analyste observe le plus grand désintérêt pour les symptômes.

Il restait à trouver la cause réelle et la thérapeutique de l’hystérie. C’est Freud qui a mis ça en place.