La naissance de la psychanalyse (4)

III – MISE EN ÉVIDENCE DE L’INCONSCIENT PAR LE TERRAIN DE L’HYSTÉRIE (FREUD)

Les intuitions freudiennes

La première intuition étant qu’un psychisme inconscient existe comme instance autonome et prépondérante.

Ce qui avait frappé Freud, c’était l’efficacité de la parole d’autrui sur les hystériques, sans qu’ils s’en rendent compte. Pour Freud, il y a forcément au niveau psychique, quelque chose capable d’agir sur le psychisme conscient sans que le sujet s’en rende compte.

Freud l’étend à tous les sujets. Les propriétés de l’appareil psychique sont valables pour tous.

Ce que Freud a également saisi, c’est le mode singulier d’intervention de ce psychisme inconscient sur le psychisme conscient. L’intervention se fait à retardement, mais sous une forme détournée, travestie, au niveau de la vie consciente du sujet (cf. hypnose).

Ces 1ères intuitions, il les confirme dans les services de Bernheim et Liebaut (l’école de Nancy) où il a pu les justifier cas par cas.

Freud va s’attaquer à l’étiologie de l’hystérie.

Ses investigations vont lui permettre d’approfondir ses notions sur l’inconscient.

Au départ, il distinguait 2 instances psychiques :

– la conscience normale

– la conscience hypnoïde.

Il disait que dans l’hystérie, c’est l’interférence de ces deux instances psychiques qui caractérisait la maladie.

La conscience normale était supposée subir passivement les irruptions irrépressibles de la conscience hypnoïde. Cette conscience normale était subjuguée par la conscience hypnoïde.

Tout se passait comme si la conscience normale ne connaissait pas l’origine des manifestations de la conscience hypnoïde et ne disposait d’aucun moyen de lutter contre elle.

Ceci est le point d’origine de toutes les hypothèses ultérieures sur le fonctionnement psychique et sur le fonctionnement des névroses.

Freud va comparer les 1ères années de l’enfance à un état hypnotique. Il va décrire un état psychique où l’enfant se montre sensible aux suggestions du monde extérieur. Il prend comme hypothèse que ces influences et suggestions du monde extérieur devaient s’opposer au désir de l’enfant.

A cette occasion s’organisaient un certain nombre de conflits, traumatismes psychiques, sélectivement oubliés par l’enfant. Ils disparaissaient de la vie consciente de l’enfant pour arriver au niveau psychique inconscient. Mais aussi, toujours prêts à se réactiver lors d’une situation favorable, mais de façon méconnaissable. Ce sont des conflits oubliés, mais toujours actifs qui se manifestent à l’insu du sujet d’une façon tout à fait analogue à la suggestion hypnotique.

Freud va mettre ces hypothèses à l’épreuve clinique dans le champ de l’hystérie. Et c’est dans cette mise à l’épreuve que va se constituer la psychanalyse.

De 1895 à 1900, Freud passe plusieurs heures par jour à l’analyse de ses propres rêves.

C’est de là qu’est née la pratique psychanalytique. Mais avant d’en arriver à sa forme « achevée », elle a connu 3 étapes :

1) La méthode hypnotique

Elle est à l’origine de succès très minimes.

Freud y avait apporté des points de vue originaux. Les patientes hypnotisées étaient invitées par la voie de la suggestion à parler de leurs symptômes et à évoquer un certain nombre d’événements de l’enfance qui, semble-t-il apparaissaient de façon privilégiée dans cet état-là.

Mais dans le meilleur des cas, par la suggestion, le symptôme disparaissait de façon momentanée. Freud abandonna donc cette méthode.

2) La méthode cathartique

Cette méthode était plus opératoire.

Son principe était, par un artifice : poser ses mains sur le front et la tête des patients, de les inciter à dire tout ce qui leur passait par la tête. Freud essayait de repérer ce qui semblait être favorable à l’explication du symptôme.

Elle lui a permis de découvrir un tas de choses sur le fonctionnement psychique.

Il persuadait, il parlait, jusqu’au jour où une patiente lui a instamment demandé de se taire et de l’écouter.

Il s’est aperçu qu’en n’intervenant plus, toute une série de processus de pensée apparaissait plus facilement.

Il abandonna donc cette méthode.

3) La méthode des associations libres

La seule règle proposée aux patients était de tout dire dans l’ordre où cela venait.

Cette méthode a permis à Freud de mettre en évidence de nombreux processus de pensée inconscients.

Cette méthode s’est appelée la méthode psychanalytique. Elle a été instituée comme telle dès 1900.

Freud fait allonger ses patients parce qu’il ne les supportait plus (entre autres raisons).

Il s’est aperçu que quand les patients étaient allongés, les associations venaient beaucoup plus librement. Et ça permettait à Freud de se retrancher lui-même dans l’attention flottante : attitude psychique par laquelle l’analyste s’efforce de se montrer inattentif à tout ce qui pourrait interférer dans le discours qu’il entend. Ce qui comptait, c’était de mettre en relation directe l’inconscient du patient et celui de l’analyste.