La naissance de la psychanalyse (7)

2.2 – 2ème théorie des pulsions (1920)

Les pulsions de vie : Éros

Les pulsions de mort : Thanatos

a) Les pulsions de vie : les pulsions d’auto-conservation et les pulsions sexuelles. Car les pulsions sexuelles concourent d’une certaine façon à la conservation de l’espèce.

b) Les pulsions de mort sont de deux natures possibles :

  • Tournées vers l’intérieur du sujet (pulsions d’auto-destruction, ce qui conduit le sujet à la mort)
  • Tournées vers l’extérieur du sujet (pulsions de destruction, d’agression).

Ce qui amène Freud à cette nouvelle classification, c’est :

  • La découverte de l’automatisme de répétition (qui fonctionne toujours et exclusivement dans le sens du symptôme)
  • Les comportements agressifs, sadiques et masochistes.

Voir J. Laplanche : Vie et mort en psychanalyse.

3 –  Le dynamisme pulsionnel

La 1ère expérience de satisfaction

Ex. : la pulsion alimentaire.

La 1ère manifestation somatique, source pulsionnelle. L’excitation somatique se manifeste par un état de déplaisir. L’enfant est en état de tension, de besoin.

– Pour l’enfant, tout ça se passe à un niveau organique dont il n’y a pas de représentation psychique. L’objet de satisfaction est donné à l’enfant sans qu’il le cherche.

L’enfant n’a pas de représentation psychique de l’état pulsionnel. Quand le processus de satisfaction est arrivé à son terme, il laisse une trace psychique, il laisse une représentation, une trace mnésique. Lors de la seconde expérience de satisfaction, l’enfant va attendre un objet, car il en a un savoir. Quand le mécanisme se reproduit, l’enfant peut associer l’excitation pulsionnelle au souvenir de l’expérience antérieure. Ça détermine toute une série de comportements psychiques qui ne pouvaient pas se produire avant.

Ce processus de satisfaction alimentaire se dédouble, se supporte d’un autre processus qui se réalise en même temps qui est un processus sexuel.

Observation des mécanismes psychiques convoqués dans ce processus de satisfaction.

– Avant l’excitation, l’enfant est un organisme qui va être le lieu de modification d’équilibre interne (excitation alimentaire). On peut observer un certain nombre d’effets consécutifs à l’excitation : l’état du corps de l’enfant se manifeste globalement par des mécanismes de tension. L’enfant est en état de besoin. Ce besoin doit être satisfait. L’objet alimentaire est imposé à l’enfant sans qu’il ait à le chercher. Il n’en a aucune représentation psychique.

La réponse (la satisfaction) est purement organique et elle se traduit par un état de détente du corps.

Tout ce processus de satisfaction se situe donc dans un pur registre organique.

La pulsion est donc satisfaite au moins une fois sans représentation psychique.

C’est un processus qui laisse une trace mnésique. Cette représentation porte sur l’excitation, sur l’objet, sur la satisfaction (sur le plaisir).

– Cette excitation va se reproduire. Mais lors de la seconde excitation, le mécanisme global de la satisfaction de la pulsion va se passer très différemment. Cette excitation organique se traduit psychiquement. Cette énergie psychique qui résulte de l’excitation pulsionnelle réactive la trace mnésique, cette trace mnésique est réinvestie psychiquement (un investissement psychique est une charge psychique associée à une représentation ou à un objet).

Qu’est-ce qui est réactivé ? C’est déjà l’identification de l’excitation. L’enfant reconnaît, identifie la nature de l’excitation.

Donc, dès la seconde expérience de satisfaction, on a affaire à un besoin lié à une représentation.

Dans un premier temps, l’enfant va confondre l’évocation mnésique d’un événement passé avec la perception d’un événement présent. Il va confondre la trace mnésique liée à la satisfaction avec l’identification du processus pulsionnel. La réactivation de la trace mnésique première réactive donc l’identification de l’objet. Si la représentation antérieure est réactivée, lorsque l’enfant identifie au niveau psychique cet objet, il va confondre l’objet psychique avec l’objet réel.

Freud avance l’idée qu’un trop grand investissement d’une image mnésique provoque le même indice de réalité qu’une perception réelle. Donc l’enfant va commencer à se satisfaire sur le mode hallucinatoire. Au fur et à mesure que ces expériences se répètent, l’enfant ne se contente plus de la satisfaction hallucinatoire.

– L’objet de satisfaction attendu par l’enfant dans la seconde expérience de satisfaction ne peut être pour lui que conforme au premier. Mais il découvre que ça ne marche pas du tout comme ça. Le plaisir est médiatisé par une représentation.

Cette image mnésique constitue le modèle pour l’enfant de ce qui sera attendu dans la réalité pour satisfaire sa pulsion. Cette représentation fonctionne comme un modèle.

– La trace mnésique se manifeste toujours comme la manifestation anticipée de la satisfaction.

C’est sur la base de ce mécanisme que l’on peut parler de désir dans le champ de la psychanalyse.

Le désir, dit Freud, naît toujours d’un réinvestissement d’une représentation.

– Ce désir ne peut se faire qu’en raison des premières associations qui se sont produites dans le psychisme (association de l’excitation de la douleur, du processus à l’objet, de l’objet à la satisfaction, de la satisfaction au plaisir). Un réinvestissement psychique est toujours quelque chose de dynamique. Ce dynamisme issu de la représentation, c’est le dynamisme du désir. Ce désir trouve sa structure dans la première expérience de satisfaction. C’est ce qui permettra de dynamiser, d’orienter nos recherches vers les objets de satisfaction.

– L’accomplissement du désir n’est que la satisfaction imaginaire. Le rêve est un accomplissement de désir.

Il n’y a pas de satisfaction de désir dans la réalité. Le seul mode de satisfaction qui est accordé au désir, c’est l’accomplissement hallucinatoire.

– Il n’y a pas d’objet, dans la réalité, de désir.

4 –  Le destin des pulsions

Le déterminisme des pulsions sexuelles est très puissant.

  • Le dynamisme libidinal

Le champ de détermination de la sexualité est avant tout et majoritairement psycho-sexuel, psychique (pulsions).

Le registre génital ne constitue qu’un mode particulier de la sexualité.

L’élaboration psychique de la sexualité permet d’accorder une connotation sexuelle à des manifestations qui n’ont aucun lien apparent avec la génitalité. Exemples classiques : les symptômes et l’angoisse (manifestations sexuelles), l’impuissance, la frigidité, la stérilité hystériques : certaines allergies, certaines céphalées, paralysie, anesthésies… Tous les symptômes névrotiques sont liés à des représentations sexuelles. Voir « Pulsions et destin des pulsions » Métapsychologie (1915).

Freud y dit que c’est en raison des caractères (source, poussée, objet, but) des pulsions, qu’il peut y avoir diverses transformations du destin des pulsions.